"En France, on n'est pas acteur si l'on a pas été photographié par les Studios d'Harcourt. L'acteur d'Harcourt est un dieu ; il ne fait jamais rien, il est saisi au repos (...) L'acteur est supposé "à la ville" (...) Il faut que nous soyons saisis de trouble en découvrant suspendue aux escaliers du théâtre, comme un sphynx à l'entrée du sanctuaire, l'image olympienne d'un acteur qui a dépouillé la peau du monstre agité, trop humain, et retrouve enfin son essence intemporelle (...) La photographie d'Harcourt est pour le jeune comédien un rite d'initiation, un diplôme de haut compagnonnage, sa véritable carte d'identité professionnelle (...) Ce rectangle où se révèle pour la première fois sa tête idéale, son air intelligent, sensible ou malicieux, selon l'emploi qu'il se propose à vie, c'est l'acte solennel par quoi la société entière accepte de l'abstraire de ses propres lois physiques."

Texte écrit entre 1954 et 1956.