Cahier de mot

Dextrogyre VS Lévogyre

Dextrogyre ?
Certes. Mais encore ?
« En biologie, ce terme s’applique aux gastéropodes dont la coquille, lorsqu’on l’observe avec l’apex au-dessus, suit une ligne de construction qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. » Dixit Wikipédia. (Aïe. Ouille.)
J’ai également cette définition-là : « Se dit des composés qui font tourner le plan de polarisation de la lumière dans le sens des aiguilles d’une montre. » Dixit le site internet du Larousse.
Hum… Cela me fait un peu mal, mais je dois avouer que la définition donnée par Wikipédia me parle plus. Surtout lorsque l’on sait que ce terme a été utilisé dans le cadre d’un cours de dessin donné aux Beaux-Arts par un professeur de morphologie de ma connaissance et qui a déjà alimenté quelques articles de ce blog d’ailleurs… Hé, hé.

Et pour terminer cet article-ci, apprends, ami lecteur, que si l’immense majorité des gastéropodes sont dextrogyre, quelques espèces sont… lévogyre. Autrement dit, ils tournent dans le sens inverse de celui des aiguilles d’une montre. Des originaux. J’te jure.

Et ils ont bien raison !

Motilité

« …dans l’inertie absolue où elle vivait, elle prêtait à ses moindres sensations une importance extraordinaire ; elle les douait d’une motilité qui lui rendait difficile de les garder pour elle, et à défaut de confident à qui les communiquer, elle se les annonçait à elle-même, en un perpétuel monologue qui était sa seule forme d’activité. »

Quelques mots de Proust, tirés du premier tome de la Recherche – Du côté de chez Swann – afin d’illustrer le mot du jour : motilité.

Oui, oui. Motilité. Avec un t.
Définition du Petit Robert : Faculté de se mouvoir. Petite précision supplémentaire : il s’agit d’un terme utilisé en physiologie.

Ah oui. Et quelle différence avec le terme mobilité ? Après un détour par différents forums scientifiques (les seuls à s’intéresser à la question, mais rien ne m’arrête, un truc de dingue), il semblerait que la motilité désigne la capacité à effectuer des mouvements. Tandis que le terme mobilité serait utilisé pour désigner des mouvements avérés.

Hum. Autrement dit, la tant Léonie évoquée par Proust dans le passage qui précède semble quelque peu siphonnée. Pas de bol. Sauf que cela donne de très belles pages. Alors… Continue comme ça Léonie.

Allez. Moi, j’vais dormir. Parce que demain matin, Cîrconflexe (re)part en Bretagne. Il va donc falloir que je fasse preuve d’une authentique mobilité à une heure fort matinale, heure à laquelle je m’en serais bien tenue à une motilité toute théorique…

Subjectile

Nouveau site, nouveau blog, mais maintien du cahier de mots ! Aujourd’hui, en voici un, croisé au détour d’une page de L’éloge de la main, du sieur Henri Focillon : subjectile.

Certes. Mais encore.

L’auteur l’utilise alors qu’il parle de la main d’Hokusai (peintre, dessinateur, graveur… et notamment auteur d’estampes qui ont fait l’objet d’une exposition au musée Guimet fin 2012-début 2013… d’ailleurs, je n’y pensais plus en commençant ce billet, mais j’y avais fait référence ici… je tourne en rond en fait… hum… revenons à Focillon…) : « Le tracé heurté qu’elle dépose sur ce délicat subjectile, le papier fait de déchets de soie, si fragile d’apparence et pourtant presque indéchirable, le point, la tache, l’accent et ces longs traits filés qui expriment si bien la courbure d’une plante, la courbure d’un corps, ces écrasements brusques où fourmille l’épaisseur de l’ombre portent jusqu’à nous les délices du monde, et quelque chose qui n’est pas de ce monde, mais de l’homme même, une sorcellerie manuelle qui ne saurait se comparer à rien d’autre. »

Le contexte permet d’appréhender le sens du terme subjectile sans trop de problème. Mais voici tout de même la définition qu’en donne le Petit Robert, parce que Robert, il est sympa : « Du lat. subjectus (placé dessous). En peinture, surface (mur, panneau, toile) servant de support à une peinture. » Mur, panneau, toile… ou, papier fait de déchets de soie donc…

Hop.

PS : Et le cahier de mots, cela vient d’où ? Du personnage d’Isabelle, dans la pièce Les muses orphelines de ce cher Michel Marc Bouchard, qui en tient un, car, comme elle l’explique dans la toute première scène : « Quand on sait ce que les mots veulent dire et quand on sait comment s’en servir, on est plus libre et puis aussi plus près de la vérité. » Hé, hé.